quinta-feira, 14 de junho de 2007

« Peut-on pleinement apprécier la littérature moderne sans connaître les grandes œuvres du passé ?


« Une fois de plus le dernier roman de Margarida Rebelo Pinto a vendu des milliers d´exemplaires. »

« Pour la première fois l´industrie de l´édition a investi plus que jamais dans la divulgation du dernier roman de António Lobo Antunes. »

Est-ce qu´on peut considérer que la littérature light, de consommation ou de gare est de la littérature dans le vrai sens du terme ?

Dans les paragraphes suivants nous allons essayer de disséquer cette question plutôt savante et qui fait les titres et l´actualité du monde culturel portugais.

Il s´agit de savoir ce qui va être le canon et la référence pour l´avenir : la littérature light dont Margarida Rebelo Pinto est l´image et le drapeau ou António Lobo Antunes et la littérature « conventionnelle »?

Dans une première partie nous allons analyser judicieusement cette question, en donnant des arguments et des exemples qui nos porterons sur la grande question : qu´est-ce que la littérature ?


Depuis que Harold Bloom a défini dans « Le Canon Occidental » les œuvres qui font la référence à notre culture, l´idée de l´universalité de l´oeuvre d´art a établi de nouvelles approches et nouveaux rapports dans le monde des lettres.

Néanmoins on sait que la littérature moderne est le résultat des centaines années d´évolution de la civilisation occidentale.Les styles et surtout les sujets sont récurrents dans l´histoire de la littérature :l´amour, la mort et tous les rapports humains sont constants dans tous les époques historiques et littéraires.

Gilbert Durand, dans sa « théorie de l´ imaginaire » décrit ce fait en détail et nous explique que tout ce que nous écrivons,tout ce que nous lisons,est conditionné par un nombre réduit d´archétypes.L´univers des images et des idées est limité, constant et parallèle.

Notre culture est basée sur l´histoire et surtout dans la séquence passé\présent.Nous vivons dans une permanente série des commémorations, dates et souvenirs qui nous emmènent vers l´avenir toujours en mémoire du passé.

La littérature est ainsi le dialogue privilégié entre le passé et le présent et un pont vers le futur.

La référence aux œuvres du présent dans les termes, les sujets et les rapports au passé est constante.

Dans l´œuvre de António Lobo Antunes les références à l´histoire de la littérature et à l´histoire récent du Portugal, surtout à la guerre d coloniale, sont permanentes.Par conséquent et pour en savoir plus, et « pleinement apprécier » il faut connaître les œuvres de référence de la littérature et de l´histoire de ce temps-là.

La décodification d´un récit à travers des « clés » pour son ouverture, sont toujours les références du passé, sont les signes et symboles d´un passé littéraire et civilisatrice , un passé registré dans les grandes œuvres.

Au-delà de l´histoire pure et simple il y a l´univers personnel de l´auteur.On peut effacer la diachronie pour y entrer.Les pistes et les associations sont parfois complexes mais intelligibles dans la toile universelle de l´évolution humaine et littéraire.

Dans le dernier livre des contes de Fiama Paes Brandão il y en a un, très caractéristique et qui exemplifie tous que nous avons dit : il s´appelle « Unicórnio » (La Licorne en français).La complexité des liens de ce conte-là est fabuleuse.Il nous emporte au musée de Cluny, le musée d`art médiéval de Paris.Le conte décrit la visite d´un homme pour analyser une tapisserie fameuse , celle de la Licorne.Le visitant n´est que Rainer Maria Rilke, le poète tchèque qui de même, dans son livre « Les carnets de Malte Laurids Brigge » a fait une description des ces tapisseries.

Par le biais d´un personnage empruntée et à travers d´un mimétisme complexe, le pont entre le passé et le présent est fait, ainsi que le rapport entre les oeuvres et les écrivains du passé et d´aujourd´hui.


Pendant plusieurs siècles, la littérature fut définie comme le plaisir de la lecture et le plaisir du texte.Les personnes lisaient souvent pour s´évader d´une réalité, plutôt hostile.

Aujourd´hui nous avons aussi ce type de littérature d´évasion, de fort consommation mais aussi de fort plaisir pour ceux qui aiment le genre.

Normalement ceux qui lisent ces livres n´ont pas de connaissances sur les grandes œuvres du passé et on ne peut point dire qu´ils n´appréciaient pas ces livres.Ils l´appréciaient et ils sont très engagés dans leur défense.

Aussi,on peut avoir et on peut imaginer des lecteurs différents, des lecteurs qui hormis ces livres n´ont pas aucun rapport avec la littérature et avec la lecture.Et cet argument est le même pour les défenseurs de la littérature light ou de grand consommation : ils défendent que, si ce type de littérature n´existait pas, aussi on raterait et perdrait des milliers de lecteurs qui ne lisent que ces types de livres et qui parfois sont catapultés pour autres vols, pour autres livres, pour la grande littérature.


De mon point de vue, nous sommes entre deux concepts de la littérature et de l´« être littéraire », entre deux idées générales de vie et de conception sociétale.

D´un côté, nous avons les partisans d´une intellectualité et culture ( les intello), avec une position á la fois extrémiste qui s´éloigne de toute forme d´écriture commerciale et sans références littéraires.De l´autre côté ,parfois nous sommes aussi confrontés avec des positions très légères et lâches en ce qui concerne la littérature et qui considèrent que la seule littérature est celle qui se vend.


Les goûts et le plaisir en général est quelque chose de personnel.L´appréciation d´une œuvre littéraire est, bien avant d´une approche presque scientifique, un sentiment et une réaction émotionnelle .C´est pourquoi on peut apprécier la littérature moderne sans connaître les grandes œuvres du passé.

Nous ne pouvons pas être éclectiques au point de mépriser les goûts des autres.Il faut toujours nous rendre compte des différents visions et conceptions de la réalité et surtout de la grande variété des points de vue et des façons de voir cette même réalité.

La question savant qu´on analyse est d´abord une façon de diviser et d´introduire une espèce de ségrégationnisme littéraire.

Mon avis c´est que nous pouvons en profiter de cet essor de la littérature light et de l´arrivée des milliers des tout nouveaux lecteurs et captiver ces personnes pour la grande littérature et pour les œuvres de référence du passé.

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